28 km - 26
septembre 2015, l’ultime étape
Avant de quitter, une visite de
l’église San Lorenzo di Isone et son campanile roman s’impose. Quelques
bougies s’allument à l’attention de nos proches. Quelqu’un déambule en ce lieu,
le curé de paroisse justement. Echange
de quelques mots. De nationalité polonaise, il a exercé son ministère en
Argentine et au Brésil. Il nous recommande – car il existe plusieurs
itinéraires - la montée par l’Alpe di Zalto menant au Gola di Lago avant de descendre
sur Tesserete. C’est plus court et facile … ? … c’est raide on ne
peut plus, du moins pour Jon qui a maintenant 28 étapes sans interruption dans
les jambes. Ca lui demande un sacré effort.
L’alpage au-dessus d’Isone
nous accueille par les cris désespérés d’un porc que quatre hommes tentent de charger
dans un fourgon pour la destination qu’on imagine. Scène identique vécue, on
s’en souvient trop bien, dans le Jura au début du mois. Prêts à donner notre
parole de ne plus manger de viande à tout jamais, nous continuons sur les
hauteurs dans la direction Gola di Lago. Et croisons des chasseurs puis des cueilleurs
de champignons. Ils nous font voir le fond de leur panier. Pas terrible la
cueillette ! « dobbiamo trovare
oggi, perche domani sera la pioggia » se soucient-ils.
Magnifique vue sur les
montagnes environnantes et la vallée d'Isone. Traversée de belles forêts de
bouleaux où ruissellent petits cours d’eau ronronnant et d’une superbe clairière
pentue bordée des mêmes essences. On se croirait dans la campagne russe, tant il y a de bouleaux.
Arrivée au Gola di Lago. Un
minuscule sanctuaire invite au passage. Il tient à peine deux âmes. Il sert de
refuge avec une cheminée de pierre prête à l’allumage. Des noms sont gravés
partout dans la poutraison. Une grenade militaire en guise de bougeoir !
Au Gola di Lago, les broussailles ont pris place à ce qui était
autrefois un petit lac de montagne dont il ne reste plus qu’un marécage. Elles
sont du plus bel effet, orangées dans la lumière automnale.
D’ici, débute une descente
interminable vers Tesserete avec déjà à l’horizon, le lac de Lugano. Une
promeneuse débouchant du sentier indiqué nous avise qu’il est en fort mauvais
état. Nous continuons donc sur l’étroite route en lacets et sur ses chemins de
traverse. Nombreuses maisons de vacances jalonnent le parcours. Résidences
secondaires entourées de jardins, vignes, vergers. Les arbres croulent sous le
poids des fruits. Dans cette étroite vallée, avec le lac à sa proximité, le
micro climat est assez exceptionnel. Les citadins, c’est samedi, bricolent,
ratissent. Deux chiens nous aboient comme des fadas derrière une clôture. Un
homme décharge du bois de cheminée. Quelques mots avec cet enseignant de la
région de Lugano. Des conseils pour la montée au Mont Salvatore … que nous
sommes sensé gravir le lendemain, merci ! Plus loin le sentier longe une
petite rivière aux abords de petits pâturages. Des vaches, des chèvres et leurs
cabris. Délicieuse promenade. Pique-nique dans ce charmant endroit.
L’urbanisation se densifie peu
à peu et nous voilà au centre de Tesserete dans un endroit noir de monde. La
localité est en fête à l'occasion de « la
Giornata della Mela » Marché, musique. La
sono hurle. Guitare électrique en bandoulière, un Ted Robert tessinois envoie des
rengaines obsolètes.
En face, là où nous nous désaltérons à la terrasse d'un pub, un coup d’œil à l'intérieur de l'établissement aménagé de meubles et objets récupérés, vaut la peine. La charmante serveuse, pas récupérée elle, est fort sympa.
En face, là où nous nous désaltérons à la terrasse d'un pub, un coup d’œil à l'intérieur de l'établissement aménagé de meubles et objets récupérés, vaut la peine. La charmante serveuse, pas récupérée elle, est fort sympa.
Est-ce l’effet de la bière, de
la chaleur ou le culot de vouloir trouver seul le chemin qui entrave la suite du parcours ? Après
un sérieux détour dans un vallon creux, nous retrouvons la route cantonale, direction sans équivoque que nous empruntons jusqu'à Lugano, par facilité et cause de fatigue. C’est long! Les kilomètres pèsent lourd avec la circulation du samedi. De
la route en hauteur, la ville et le lac sont dans notre champ de vision, Canobbio
en contre-bas. Les rumeurs des quartiers périphériques et industriels, bien
animés sur les aires de sport en ce samedi montent jusqu’à nous. L’hôpital
cantonal est le premier établissement important sur notre passage. Immense. Sorte
de CHUV défigurant le paysage … ils n’ont
pas fait mieux ! D’ici, il nous reste qu’à suivre la direction des
panneaux Centro et Stazione ferrovia.
Nous décidons de ne pas poursuivre jusqu’à Chiasso comme Jon l’aurait souhaité. La météo annonce pluvieux pour les jours suivants. Cela nous arrange bien puisque nous sommes au bout du rouleau. Et si contents de retourner par le rail en Romandie …
… satisfaits et heureux
d’avoir vécu une telle aventure. Fouler le sol du pays en diagonale, à travers le Jura, le Plateau et les Alpes,
pas toujours dans la tranquillité mais dans une totale réalité, nous a stimulés
à chaque détour, nous a appris sur les régions et les habitants. Nous ne
pouvons que conseiller aux passionnés de la marche de découvrir la Suisse de
cette manière. Une bonne santé et un peu de courage sont cependant nécessaires pour parcourir les étapes d'affilée. Vous en conviendrez à la lecture de notre récit.
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