23. Andermatt-Airolo


20km - dimanche 20 septembre 2015
Deux étapes d'une journée 

Sur le sentier des muletiers et la route des postillons. Le passage du col du Gothard fait partie de nos coups de cœur. La journée s’annonce ensoleillée et la forte bise à affronter ce dimanche donne un peu plus de piment à notre déjà passionnante aventure.




A l’Hôtel Métropole d’Andermatt, la chambre chauffée, tranquille, permet d’étaler notre équipement, de faire une petite lessive, de passer une bonne nuit de sommeil. Bien mangé aussi à la table de son restaurant animé ce samedi soir. Une brigade de jeunes hongrois et allemands est fort occupée au service d’une cohorte de retraités en sortie.

Plutôt insolite, à un jet de pierre : une exposition de voitures de luxe … dans l’aire d’entrée du complexe hôtelier d’un certain Samih Sawiri.

Dimanche 9 heures le matin. Repartis le pied léger sur le plateau d’Ursenen, à travers la zone du terrain de golf. Mince! le bruit de la tondeuse à gazon ! L’entretien du green a déjà  commencé.

A 4km d’Andermatt, le village d’Hospental, dernière agglomération avant d’entamer la montée au sommet. Grande église entourée de vieilles maisons uranaises bellement restaurées. A proximité, une vieille tour carrée. Nous sommes à la bifurcation des directions Furka/Gothard. Dans une chapelle voisine, cette inscription : « Ici se sépare le chemin. Oh ! ami, où vas-tu ? Veux-tu aller vers la Rome éternelle, redescendre vers la Saint Cologne, en direction du Rhin allemand, ou aller loin vers l’ouest en direction du pays des Francs ? »

Nous poursuivons vers la Rome éternelle, sur le sentier des porteurs, par le col mythique. Le long de La Reuss, qui maintenant bouillonne discrètement, s’étale une végétation de fin de saison. On imagine les rhododendrons en fleurs au printemps. Notre chemin chevauche les rocailles, traverse les pâturages. Attention bovins! Dans ce magnifique cercle alpin, une construction insolite ressemblant à un kiosque à musique, aspect monument soviétique. Le guide TST  nous éclaire sur son utilité. Elle permet l’aération du tunnel … sous nos pieds.

Etonnamment peu de randonneurs rencontrés sur le parcours en ce dimanche d'été, plutôt des cyclistes lorsque notre chemin longe brièvement la voie routière. Dernière tirée menant au sommet, l’ancienne route pavée des postillons, récemment restaurée, en pente douce, aux abords de petits lacs. Imaginons les pavés de la rue de Bourg à Lausanne sur 4 km. Une famille zurichoise, malgré la forte bise, s’installe tant bien que mal dans un pâturage pour le pique-nique. Des pêcheurs s’adonnent à leur sport dominical. Notre guide rappelle que le massif du Gothard est un véritable château d’eau. Le Rhin, le Rhône, la Reuss et le Ticino prennent leur source dans cet important cercle alpin.

En fin de parcours, il est possible de quitter la route pour marcher sur de larges plaques de roche. On voit d’ici le monde qui afflue au sommet du col. Vers l’hospice, les parkings sont combles.


©André Locher  http://www.swisscastles.ch

Ouf ! Nous y voilà. Deux milles cent et dix mètre d’altitude à l’arrivée. Soleil  éclatant et forte bise. A l’abri d’une pierre chauffée par Hélios - dossier bienvenu à nos dos détrempés - la pause pique-nique nous donne de la vigueur et l’envie de poursuivre. Pourquoi pas jusqu’à Airolo. Allons y ! Tant que nos jambes nous portent ! Nous quittons le frisquet du col pour un climat plus serein.

La descente vers Airolo :  un coup de cœur.  Nous dévallons, foulant l’ancienne route de la Tremola - 1200m de dénivellation sur 8 km - et coupant ses virages en lacets. La route est pavée sur le premier tiers. Jadis empruntée par les malle-postes, elle fait partie des trésors du patrimoine. On imagine la scène de « La diligence du Gothard »  de Rudolph Koller gravée dans la mémoire commune des Helvètes. Aujourd’hui par cette très forte bise, on y croise que quelques rares nostalgiques roulant dans de vieux tacots et des motards héroïques. La Tremola est paraît-il un must pour les cyclistes. Construite par Francesco Meschini entre 1827 et 1830, la route et son cadre ont servi  de décor de cinéma. On comprend la fascination des réalisateurs pour cet endroit.


©André Locher  http://www.swisscastles.ch

Nous respirons pleinement l’air et le soleil. Le panorama est grandiose, vertigineux. Des torrents se déversent de tous côtés. Cerise sur le gâteau : soudain une famille de marmottes. Nous apercevant, elles se figent sur leur postérieure comme des statues de sel. Un bonheur !

Airolo enfin dans notre champ de vision. La pente est sérieuse, qui amène directement à la gare CFF et routière. Ici pause méritée à une terrasse ensoleillée. A deux pas, un imposant mémorial rappelle la mort accidentelle des ouvriers pendant la construction du tunnel.

Surtout ne pas manquer le dernier car postal à17h conduisant à Andermatt. Le trajet nous permet d’admirer le col d’un autre point de vue dans une belle lumière de fin de journée. Fatigués et heureux, bercés par la musique du klaxon, premières notes de l'Ouverture de l'opéra Guillaume Tell de Rossini.


Gotthardpost, Rudolph Koller (1881)


A partir d’Airolo, les va-et-vient n’étant géographiquement plus imaginables, nous marcherons avec notre bagage entier, allégé toutefois d’un surplus envoyé par la poste à notre domicile.  


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